Mener la transition verte, un talent à la fois

Il y aura un avant-Trump et un après-Trump. Si les reculs politiques sur les acquis environnementaux aux États-Unis peuvent semer le doute, ils ne devraient en aucun cas freiner la volonté des entreprises québécoises d’accélérer leur propre transition verte. Au contraire! Ce contexte polarisé renforce l’urgence d’une action locale forte, fondée sur une vision économique durable et des compétences adaptées aux défis environnementaux d’aujourd’hui.

Une gestion responsable des ressources naturelles, l’intégration des facteurs ESG dans les pratiques d’affaires et l’innovation verte ne sont plus des options. Elles deviennent les piliers d’une économie québécoise résiliente.

C’est dans cet esprit que le Prix PDG vert a été créé, pour souligner le leadership de celles et ceux qui osent transformer leur modèle d’affaires, revisiter leurs opérations et mobiliser leur équipe autour d’une mission commune : adapter l’entreprise au climat qui change — et contribuer à le stabiliser.

Robert Dubé, fondateur du Prix PDG vert

Par où commencer?

Les PME et grandes entreprises québécoises sont confrontées à des obstacles bien réels : résistance au changement, adoption difficile de nouvelles technologies, manque de ressources, incertitude sur les normes à venir… et pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Le Grand diagnostic vert d’EnviroCompétences révèle que 43 % des PME au Québec considèrent ne pas avoir les compétences nécessaires à l’interne pour faire face à la transition verte.¹

Or, celles qui ont su anticiper et investir dans les talents ont aujourd’hui un avantage concurrentiel. Elles sont prêtes à répondre aux exigences des donneurs d’ordre, à se conformer plus aisément aux réglementations environnementales, à répondre aux exigences du public et à réduire leurs coûts grâce à une meilleure gestion des ressources. Ces entreprises prouvent qu’environnement et performance vont de pair.

¹ Enviro Compétences. Grand diagnostic vert, p.26 (consulté le 14 avril 2025).

Les compétences de demain… à développer dès maintenant

La complexité croissante des enjeux liés à la gestion des sols, de l’eau, de l’air et des matières résiduelles exige une nouvelle génération de compétences. Les profils recherchés sont à la croisée de plusieurs disciplines, mêlant rigueur scientifique, capacité d’adaptation, pensée stratégique et sens de l’innovation. Voici quelques exemples de domaines clés :

  • Énergies renouvelables, efficacité énergétique, infrastructures vertes : pour basculer vers une économie sobre en carbone;
  • Écologie, aménagement du territoire, gestion des risques environnementaux : pour intégrer les réalités climatiques et de développement durable dans les projets de développement;
  • Facteurs ESG : pour outiller les entreprises dans leur transformation de gouvernance, de culture et d’opérations;
  • Développement communautaire et gestion des conflits socio-environnementaux : pour renforcer l’acceptabilité sociale des projets;
  • Communication, formation, sensibilisation : pour mobiliser les équipes et les parties prenantes autour de la transition.

Ces domaines appellent à un leadership renouvelé — capable de reconnaître la valeur des savoirs émergents autant que celle de l’expérience terrain, et de faire cohabiter innovation et résilience.

Composer avec l’incertitude

Sans toujours pouvoir prédire l’ampleur ou la nature exacte des changements requis, les chef.fe.s d’entreprise doivent apprendre à anticiper. C’est là un défi en soi : faire des choix stratégiques en contexte d’incertitude, tout en assurant la croissance et la pérennité de leur organisation.

Heureusement, plusieurs signaux positifs émergent. Les universités québécoises élargissent leur offre en matière de gestion des enjeux environnementaux. Des ponts se créent entre recherche, formation et pratique. Et un nombre croissant de dirigeants et dirigeantes reconnaissent que la capacité d’adaptation de leur entreprise passe par l’intelligence collective, le développement des compétences, la valorisation des savoirs émergents comme des expertises éprouvées, et une culture interne alignée avec les valeurs de durabilité.

Célébrer le leadership transformationnel

Les leaders célébré.e.s dans le cadre du Prix PDG vert 2025 sont à l’image de cette approche. Ils et elles ont pris des risques. Ils ont misé sur la formation continue, sur la capacité de leurs équipes à évoluer, et sur une gouvernance ouverte à la collaboration. En revisitant leurs façons de faire, en innovant, en instaurant des pratiques durables concrètes, ils vont bien au-delà des déclarations d’intention.

Ce qui les distingue : une volonté de créer de la valeur autrement, en intégrant les dimensions environnementale, sociale et économique à chaque étape de leur développement. Et une conviction partagée que la transition écologique, bien qu’exigeante, est aussi une formidable opportunité de renouveler leur raison d’être.

Miser sur le capital humain pour faire avancer la transition

Le succès de la transition repose certes sur des politiques audacieuses, mais aussi de plus en plus sur les gens. Ceux et celles qui conçoivent, mettent en œuvre et évaluent les actions concrètes dans les entreprises. Le capital humain devient la clé de voûte de la résilience collective.

Pour les entreprises, cela signifie investir dans le développement des compétences, créer des environnements favorables à l’innovation et cultiver une vision à long terme qui inclut l’ensemble des parties prenantes.

La transition verte n’est pas qu’une affaire de technologies ou de politiques publiques. Elle repose d’abord sur notre capacité à reconnaître, former et mobiliser les talents qui feront la différence. En valorisant celles et ceux qui prennent le virage durable avec courage et cohérence, le Prix PDG vert souhaite contribuer à cette reconnaissance, et rappeler que l’importance de joindre les gestes à la parole.

Les dirigeantes et dirigeants qui osent faire autrement sont déjà à l’avant-garde. Et ce sont ces leaders, avec leurs équipes, qui ouvrent la voie à une économie plus verte, plus juste et plus résiliente.